Pour prolonger la séance d’atelier d’hier, nous vous proposons de créer un (ou plusieurs) personnages. Vous pouvez le doter d’une biographie, d’un état-civil, d’une apparence, etc., à votre guise. Mais n’oubliez pas surtout les points suivants:
- Définissez son manque, son insatisfaction profonde, le besoin dont il n’a pas conscience
- Expliquez aussi l’origine de ce manque: enfance malheureuse, accident, expérience traumatisante, perte d’un être cher, etc.
- Son caractère: vous êtes très libre; votre personnage peut être brillant et séduisant si vous le souhaitez, mais il doit avoir une ou plusieurs faiblesses liées directement à ce manque qui est son problème fondamental: manie, difficulté avec les autres, problème psychologique qui le ronge, etc. Sa faiblesse lui gâche l’existence, l’empêche de s’accomplir et d’être vraiment heureux.
- Pensez déjà à son « arc transformationnel », ou du moins à la prise de conscience finale de ce manque constitutif, sur laquelle se terminera l’histoire (s’accepter tel qu’il est, surmonter sa culpabilité, vaincre une peur enfouie, etc.)
Vous êtes bien sûr libre de votre univers: mage de fantasy, policier d’un thriller, anti-héros de SF dystopique, normand de 2018… A votre guise. Vous pouvez même le situer dans un monde fictionnel déjà organisé si la fanfiction vous attire. Tout ce qui vous inspire est autorisé!
Vous pouvez poster votre (vos) personnage(s) dans les commentaires ci-dessous.
Bon courage!
Baudouinet est un tout jeune neveu de Charlemagne, demi-frère de Roland. Baudouinet et Roland sont les deux fils de Berthe, sœur de l’empereur. Tandis que Roland est le fils caché de Charlemagne (l’union incestueuse de l’empereur et de sa sœur est ignorée de tous) mais officiellement le fils de Milon le premier mari décédé de Berthe, Baudouinet est le fils de Ganelon, haut dignitaire à qui Charlemagne a donné sa sœur en secondes noces. Baudouinet souffre d’être placé dans l’ombre de son demi-frère plus âgé, plus brillant, et préféré de l’empereur pour une raison qu’il ignore. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’admirer Roland, et il se met à mépriser et haïr son père Ganelon quand il comprend que ce dernier cherche à tout prix à nuire à Roland, par frustration, afin de le privilégier lui, Baudouinet le fils de sa chair, contre Roland. Ganelon jalouse son fils adoptif Roland, et a pris ses dispositions pour que l’ensemble de son héritage aille à Baudouinet. Ganelon trahit son camp et fait tuer Roland dans le guet-apens de Roncevaux qu’il organise avec les Sarrasins. Charlemagne, fou de douleur quand Baudouinet lui apprend la mort de Roland, révèle à son neveu, dans son égarement, qu’il est le père de Roland. Baudouinet se persuade alors qu’il ne peut pas être le fils du noir Ganelon, le traître qu’il dénonce et contre qui il témoigne lors du procès, où il proposera lui-même la peine de l’écartèlement. Délaissant sa fiancée, renonçant à ses fiefs, il vouera la suite de sa vie à l’errance en quête de son vrai père, avant d’être mortellement blessé lors d’un combat: sa mère lui révélera alors qu’il était vraiment fils de Ganelon.
Personnage : Henri
Backstory, spectre :
« Maman nous avait pourtant bien dit de faire attention. Je l’ai ignorée. Toutes les fois où elle m’a sorti, les sourcils froncés, les mains sur les hanches : « Henri, fais attention, et surveille ton frère. », j’ai répondu un « Ouais, ouais. » comme à chaque fois. Pour faire le caïd devant Jules, justement. Sauf que cette fois, j’aurais pas dû. J’aurais jamais dû. Le caïd, je le ferais plus jamais.
Il devait faire presque trente degrés dehors, je crois que le thermomètre dans le jardin de mon père n’a jamais été aussi haut pour un mois d’avril. C’était mon premier réflexe en sortant. Parce que mon père faisait tous ses relevés météo dans une petite boîte blanche qu’il avait fabriquée lui-même et que j’attendais avec impatience son bulletin de 19h16. Dressée sur deux beaux piquets, papa l’avait peinte trois ou quatre fois en blanc. « Faut pas que la chaleur rentre, fiston. Sinon tout est faussé. » Le toit était en légère pente et à l’intérieur, un simple thermomètre. Alors, quand il est revenu un soir, le crayon sur l’oreille et ses fiches dans les mains, j’ai su que ses relevés allaient être intéressants.
« Jamais vu ça à cette époque. 23 degrés mi-avril. Du jamais vu, mon grand. »
Il transpirait encore sous le soleil du soir et ma mère nous regardait le sourire sur ses lèvres minces.
C’est elle qui a eu l’idée, d’ailleurs. L’idée de nous emmener à la plage. Jules n’était pas dans son assiette depuis deux jours, la chaleur l’abrutissait complètement. Il passait son temps à dormir ou à rester à l’ombre dans le jardin. Il avait beau avoir sept ans, à son âge, rien ne m’arrêtait pour faire le con. Maman nous a emmenés à Varengeville-sur-mer. J’étais déjà excité dans la bagnole, à rire de tout, à emmerder mon frère et à me faire engueuler. La routine.
On a descendu la longue route vers la mer, ma mère croisait les doigts pour ne pas rencontrer une autre voiture, elle détestait les manœuvres. La plage était entre deux falaises, un vrai nid d’amour entre deux géants de craies. Je l’appelais la plage secrète parce qu’il y avait peu de gens qui venaient, peu de gens qui devaient savoir où se trouvait la mer comme le promettait le nom du patelin. Bon. Y avait quand même du monde ce jour-là, ils se sont passé le mot. Du monde, oui, à bronzer, à dormir, à lire. Mais personne dans l’eau. « Des culs gelés » aurait dit mon père. Pourtant, il faisait encore chaud. Papa nous avait dit avant de partir que la mer serait presque haute à notre arrivée. Ouais, il s’était pas trompé. Sauf que, du coup, la plage se réduisait à une dizaine de mètres entre l’eau et la falaise. Les gens s’étaient tous agglutinés près du chemin, histoire de pas se niquer les pieds sur les galets, faudrait pas trop marcher. Ma mère nous emmena au loin, pour qu’on puisse jouer à la balle sans refaire le portrait d’un vacancier.
La mer était toute bleue, comme dans les BD que Jules lisait. A peine les affaires posées, je retirai t-shirt, chaussures, shirt et voulus filer à la flotte tout de suite.
« Stop ! Tu vas où là ? Deux minutes, attends Jules. »
J’obéissais. J’allais pas tout gâcher, car maman serait capable de me priver de baignade. Elle l’a déjà fait, un jour où j’ai foncé dans l’eau sans l’attendre. Je suis resté l’après-midi sur ma serviette sèche, à lancer des cailloux dans l’eau et à supplier ma mère. Rien à faire, alors j’ai pigé la leçon. Une fois Jules prêt, elle nous autorisa à nous approcher de l’eau pendant qu’elle restait assise à nous regarder. J’avançai vite même si mes pieds se tordaient à chaque grosse pierre.
— Allez, magne-toi Jules, regarde où je marche et suis moi.
Il nous fallut bien cinq minutes pour arriver au rivage. Lorsqu’une petite vague engloutit mon pied, une froid glacé l’envahit. J’avais l’impression de l’avoir subitement fourré dans un congélo.
— La vache, elle est froide.
Je me retournai. Jules posa délicatement le pied dans l’eau clair et la grimace qui déforma son visage me fit rire. Il gesticulait comme s’il avait marché sur une écharde. Je le pris par la main et on avança doucement riant à chaque vague qui nous mouillait un peu plus le corps. Lorsque le niveau passa mon nombril, je décidai de me lancer dedans, ça aurait été trop bête de pas en profiter. Je me mouillai les bras, la nuque comme me l’avait montré papa et je m’élançai.
A la seconde où mes épaules furent sous l’eau, je sentis mon cœur se contracter et me couper le souffle. Comme si une main étrangère le serrait de toutes ses forces pour m’empêcher de respirer, ou qu’un poids énorme m’écrasait l’estomac. Le reste du corps réagissait aussi. Des milliers d’aiguilles m’attaquaient, aux bras, aux jambes. Je bougeais comme un fou pour ne pas rester engourdi. La brasse, le dos, bref tout ce que je savais faire. A force de remuer, je me rendis vite compte que je n’avais plus pied à aller vers le large comme ça. Le spectacle était beau mais bon sang, j’avais vraiment froid.
Le cri de ma mère me serra les entrailles. Pire que la main sur mon cœur, il me paralysa une seconde. Je fis volte-face. Elle courait vers la mer, la figure déformée par l’horreur, trébuchant sur les galets, les mains en avant. C’est là que je le vis.
A quelques mètres de moi. Jules. Flottant sur le ventre, les bras et les jambes écartés. Un pincement au cœur me donna la nausée. Je nageai vers lui comme un dingue pour l’engueuler et lui dire :
— Hey, Jules, arrête tes conneries, c’est bon on a bien ri.
Je savais, je sentais, j’entendais cette voix dans mon crâne qui me disait que non, ce n’était pas un jeu, c’était vrai : T’as tué ton frère, t’es content ? Tu le traîneras plus dans tes combines à la con maintenant.
Ma mère le porta jusqu’au rivage en hurlant à l’aide. Et puis, elle se retourna, le regard si noir que j’en ai encore la frousse, en murmurant dans un souffle :
— Je t’avais dit de le surveiller.
Les secours arrivèrent et lui massèrent longtemps le cœur. Longtemps. A appuyer, à appuyer comme si on compressait un jouet. »
Désir conscient: écrire un livre
manque : besoin inconscient de l’amour de sa mère, manque de maturité face à la paternité. Impossibilité à s’intégrer dans son métier d’enseignant.
Arc : Henri ne veut pas d’enfant, n’est pas stable. Axelle tombera accidentellement enceinte, ce qui va le confronter à son manque inconscient.
Cassandre Gambel a vingt cinq ans. Elle est d’origine suisse, élevée dans une famille calviniste très stricte, par un père autoritaire. Par défi, par manque d’amour maternel, pour s’imposer face à ses trois frères, pour s’émanciper en un mot de ce carcan moral où elle étouffe, elle prend des risques. Elle vit sur le fil du rasoir. Des paris idiots pour impressionner ses frères, elle passe à des jeux plus dangereux. Des jeux d’argent – non qu’elle en ait besoin, car son père est un riche financier, mais plutôt par esprit de rébellion. Elle mène une vie facile, brillante, à cent-à-l’heure, affichant ses tenues tapageuses dans les soirées à la mode.
Pour échapper au fiancé terne que lui a choisi son père, et pour se soustraire aux dettes qu’elle a contractées et dont elle ne veut pas parler, elle s’enfuit en cachette avec le croupier d’un casino. Il l’emmène à Deauville où son travail l’appelle.
Cette évasion ne la libère ni des poursuites de ses débiteurs, ni de de ses propres démons. Elle continue à jouer compulsivement. C’est la fuite en avant. Elle finit par mettre en gage la bague que son fiancé lui avait offerte, et qu’il tenait de sa grand-mère… Sans songer qu’il finira bien par l’apprendre.
Genre: Fanfiction.
Univers: jeu vidéo Elite Dangerous (simulation spatiale).
Albert Blondin est né et a été élevé sur Zeessze, non loin de Sol. Il vivait avec son père Marcel sur la station Nicollier Hangar. Sa mère avait disparu dans d’étranges conditions.
Marcel était propriétaire d’une petite entreprise d’élevage de fourmis, située sur New America, “monde terraformé”, mais dont la tentative de transformation en zone habitable avait débouché sur un échec: une pression de 7 atmosphères, un taux d’oxygène de 3% contre 97% d’azote… La température y était étouffante. Impossible d’y survivre longtemps, même avec un équipement spécial : tout au plus pouvait-on y élever ces fourmis géantes de 1 à 2m de long, assez peu agressives mais impressionnantes, et qui étaient le trésor de New America. On tire en effet du cocon qu’elles sécrètent une colle forte, la Ant Grub Glue, ressource rare qui à elle seule fait la célébrité et la fortune de Zeessze.
Le petit Blondin, très jeune, a dû accompagner son père dans les galeries des fourmilières pour l’aider à récolter la glu. Marcel, brutal et emporté, l’a plus d’une fois abandonné au milieu de ce labyrinthe pour le punir de fautes imaginaires. Albert en a développé une myrmécophobie (phobie des fourmis) qui ne l’a jamais quitté.
Devenu jeune homme, Albert s’est épris de Valentine, la fille d’un homme d’affaires qui passait régulièrement sur Zeessze pour acheter en gros de la glu, qu’il vendait à l’autre bout de l’espace humain. Albert voulait quitter la ferme, et partir avec celle qu’il aimait. Le vieux Blondin, qui ne voulait pas se séparer de son fils, s’est courroucé une fois de plus. Il gesticulait et sortait de ses gonds. Au cours de la dispute, Marcel a glissé : il est tombé dans la nurserie de la fourmilière. Les insectes, qui se sont cru attaqués et voulaient défendre leurs oeufs, se sont jetés sur le malheureux et l’ont aussitôt dévoré, sous les yeux horrifiés de son fils.
Blondin s’est senti coupable, et s’est enfui sans revoir personne, et surtout pas Valentine. Il s’est mis à boire. Il avait un petit talent pour écrire et s’est lancé dans le journalisme. La menace puis l’invasion des Thargoïds, une espèce alien dont la biologie est insectoïde, ont réveillé chez lui sa myrmécophobie latente, et ont contribué à faire chanceler encore davantage son esprit. Il s’est fait embaucher à Munfayl, dans un système dictatorial voué à l’extermination des envahisseurs xénomorphes; il tient dans le journal local une chronique dans laquelle il donne libre cours à son racisme contre les aliens.
Prendra-t-il conscience du lien entre ses engagements politiques et les expériences traumatisantes de sa jeunesse? Guérira-t-il de son alcoolisme qui lui embrume le cerveau? Retrouvera-t-il Valentine? Cherchera-t-il à comprendre les intentions complexes d’une espèce dans laquelle il ne voit qu’un envahisseur meurtrier?