Lors de la séance du 4 mars, Guillaume a proposé une séance de Cluedo un peu particulière: il proposa à chacun de tirer au sort six éléments: un lieu, un objet, un moment de la journée, une météo, un narrateur et une victime. Chaque participant disposait ensuite d’une demi-heure pour écrire une histoire dont les contraintes étaient les suivantes:
- utiliser un certain nombre d’éléments parmi les 6 papiers tirés au sort
- raconter la découverte du cadavre
- faire en sorte que le moment de cette découverte fonctionne comme un révélateur de la personnalité du narrateur.
Ce Cluedo revisité fut une vraie réussite. N’hésitez pas à vous y essayer et à poster vos textes ci-dessous, dans la section des commentaires!
Les six mots imposés par le sort:
– Lieu: « Donjon (médiéval ou sado-maso) »
– Météo: « Temps maussade »
– Moment de la journée: « matin »
– Narrateur : « Un proche de la victime »
– Victime (personnage du Cluedo): « le père Bleu »
– Objet : « un vinyle »
Le donjon de Tonton
Triste temps ce matin. Une bruine qui vous transperçait. Un ciel gris à se pendre. Je n’avais pas l’intention de sortir de chez moi, mais j’avais reçu un texto de Tonton. “J’ai un truc très important à te montrer. Surtout, n’oublie pas. Je compte sur toi.” Quand je suis arrivé chez lui… personne. “Il y a quelqu’un”? Silence. Je fais le tour de la maison. Pas un chat. Je soupire. Il faudrait que je monte au grenier. Mais… Tonton, il n’aime pas quand on monte dans son grenier. Son donjon, comme il dit en rigolant. Donjon ? Je trouvais ça étrange. Je pensais à mon château Playmobil. Je me disais qu’il gardait peut-être plein de Playmobils dans son grenier, et qu’il avait peur que je les casse. J’étais bien trop curieux pour résister. Un jour qu’il faisait la sieste, j’y suis monté. Pour voir. J’étais déçu. Pas de playmobils. Ni de legos. Rien qui ressemblait à un jouet, ni de près ni de loin. A la place, il y avait une drôle de décoration. Tentures rouges. Miroir au plafond. Fouet accroché au mur. Menottes suspendues… Je n’en ai pas vu davantage. Tonton m’a attrapé par le col. Il m’a fait redescendre plus vite que je n’aurais voulu, et m’a flanqué une de ces raclées dont je me rappelle encore. Nous n’avons plus jamais parlé de l’incident.
Bref, ce matin, quand je me suis pointé et que je ne l’ai pas trouvé, je me suis dit : Tonton, il est peut-être bien dans son donjon. J’hésitais à y monter. Les torgnoles qu’il m’avait balancées la première fois… J’en suis resté tout moulu pendant une semaine. Je monte le premier escalier. Le second. J’arrive devant la porte. Elle est entrouverte. Toc toc… pas de réponse… Toc toc… toujours rien. Je tire la chevillette… et là… Il n’allait pas bien le Tonton. En bleu de travail, passe encore. Attaché avec des menottes aux barreaux du lit, soit. Mais égorgé avec un vinyle, ça dépassait les limites, même pour un vieux pervers libidineux. Les vinyles, c’était son truc, à Tonton. Il en avait toute une collection. Des vinyles d’époque, hein, authentiques, vintage. Un vrai trésor, tout ce fatras. En attendant, ya d’la joie qui lui avait déchiré les carotides. Ya d’ la joie, vous ne connaissez pas ? Un vieux tube des années…. bah, je ne sais même pas. Tonton le passait en boucle, très fort. Surtout quand il recevait des gens qu’il emmenait dans son donjon. Le disque crachotait. Il était rayé. C’est bête quand même. Il ne méritait pas de finir comme ça. Une édition originale. Ca valait une fortune, sur E-Bay, une galette pareille. Bon évidemment, de la joie, il n’y en avait plus beaucoup. Quelque chose avait dû partir en cacahouète. Tout ce sang qui tachait la moquette écarlate… Quelqu’un a dû en avoir vraiment marre de ses vieilles scies. Faut que je prévienne la police, j’imagine. Mais d’abord, j’embarque les vinyles. Hein. Faudrait pas laisser perdre.
Objet: « une bouteille »
narrateur: »un proche de la victime »
méteo: »froid »
Je sortis sur la terrasse, il faisait frisquet ce matin-là.
Fin août et quelques degrés de moins, déjà.
Tous les étés, c’était la même chose: le soleil et la lumière à perpétuité; cela semblait possible… Pendant des semaines…Et là, tout à coup, la fin des beaux jours prenait corps;
J’avoue que ça me coupait un peu les pattes.
Il allait falloir se faire violence pour rejoindre le bord de l’eau, en contrebas, entrer dans la mer, qui attendait, encore grisâtre et entièrement vide.
Je parcourus la plage du regard. Toute en nuances froides. Le soleil sortait à peine.
« Il est en retard, ce matin. Ce n’est qu’un début »…
Un pêcheur au bord de l’eau, plus loin.
Quelques mouettes, qui profitaient du sable encore à disposition, pour elles.
Une serviette de bain, bleue intense accrochait l’oeil, oubliée.
A côté de la serviette, une touffe claire, un peu plus soutenue que la couleur du sable. Je crûs
d’abord à un bouquet d’algues. La touffe blonde était prolongée par un corps à peine visible.
Les formes épousaient les creux et les bosses de la plage. La peau brune, dorée, prenait les tons du sable.
A y regarder de plus près, je distinguais maintenant , une bouteille, enfoncée à mi hauteur, plantée en biais dans le sable. Juste devant les cheveux qui commençaient à bouger dans la brise qui se levait.
« Encore un fêtard que les copains auront abandonné. Sous peu, il va cuire, le nez dans le sable, comme ça. »
Je traversais la plage et entrais dans l’eau d’un coup, sans réfléchir. « Elle a vraiment fraîchi!
Un des derniers bains. »
Je restais longtemps dans l’eau, m’habituant à la température, bien réveillée maintenant, savourant l’eau, le calme, l’intensité du moment .
« Je serai dans les bouchons à cette heure dans une semaine! »
De temps à autre, mon attention se ramenait vers le corps qui n’avait pas bronché.
je sortis de l’eau, le soleil était monté, quelques parasols installés.
je discutais un bon moment avec un homme que je croisais tous les matins, et qui promenait son chien.
Le garçon n’avait pas bougé.
En remontant à la terrasse, je fis un crochet pour passer devant le corps et la bouteille.
La peau rosissait, commençait à cuire.
« Bon sang! Il est inconscient ce garçon! »
La bouteille devant lui, était une bouteille de vin rouge. Vide.
Je reconnus: l’étiquette, j’avais offert la veille ce bon cru à mon mari!
et le blondinet, en même temps. Max, mon fils, 13 ans, qui aurait dû être dans sa chambre, comme toujours.
La belle saison était bien finie.
La mama
Les six mots du Cluedo :
– Lieu : une cave
– Météo : chaleur étouffante
– Moment de la journée : la nuit
– Narrateur : un(e) employé(e)
– Victime : M. ou Mme Blanc.he
– Objet : une tablette
Les cairottes sont cuites.
Cet imbécile nous fait travailler même la nuit, maintenant. Le cuir du siège me collait à la peau. Si je devais encore le conduire quelque part cette nuit, je pensais bien pouvoir fusionner avec le volant qui me fondait dans les mains.
Je vomissais ce désert, si cher aux touristes, jusqu’au plus glauque des toilettes cairottes. Je trouvais des grains de sable dans mon soutif et si j’avais eu un copain… Enfin…
Ça y est, adieu le béton, la civilisation. D’abord les grilles, le fer, bienvenue en Enfer Laure ! T’aimes toujours ça l’archéologie ? Assistante, assistante… Chauffeur-livreur, oui ! Un uber dans le désert. Dégueulasse.
Ah, on te la vend bien, l’excitation de la découverte, le prestige de la vallée des rois ; même une malédiction des temps anciens, j’en aurais fait mon affaire, au point où j’en étais !
Enfin, me voilà, 32 ans, le pied fusionné avec la pédale d’accélération d’une jeep minable, roulant sur la route de la gloire, le cul collé au cuir et les cheveux à la sueur, dans l’endroit le plus magique du monde, à ce qu’il paraît.
Au pied de Gizeh, coup de klaxon.
Déchirure, silence.
Ici, en dehors des heures à touristes, le silence t’écrase. T’es rien. Moins que ça. Les titans triangles, ils te rappellent que t’es pas fils de dieu, que t’es même pas digne de les regarder : de jours, le soleil te crame les rétines et la nuit c’est gris sur noir, ils bouchent ta vue, font disparaître ton ombre, même quand il n’y en a pas. Par contre, pour voir les tentacules du Caire qui s’étirent, t’es bien placé !
Derrière la photo pour faire baver la famille, y’a le meilleur restau de boulettes de la ville. Le béton, le sable, pas de transition. Un rectangle de passé bouffé par le présent. Oublie les images que t’a vendu l’agence. Le jour, c’est lamentable. Les rois sont blancs, le sable te brûle la gueule et le béton te crame l’espoir. Ça sent le gasoil et la friture du snack bar. Entre la vérité et tes illusions, le grillage ; normal. Péage. La beauté se monnaie, c’est la base du voyage. T’as pas de thunes, monte au balcon ! En plus, il y a des chances que tu aies une meilleure vue que depuis le bus.
La nuit, comme maintenant, la ville devient lumineuse. Un putain de Rembrandt exhumé du Bacon ! Ça joue entre ombres et lumières, ça se grime, ça se pavane, ça danse ! Les touristes dorment dans leur cargo-croisière, les autres vivent. Enfin.
Bon, il en met du temps à remonter, Whiteman !
Peau contre cuir, je m’arrache du siège avec un cri.
Déchirure, silence.
Merde, ça brûle ! Il fait encore plus chaud dehors. Comme si le béton et le sable attendaient la nuit pour dégueuler la chaleur. Le treuil, à la frontale, fait arachnéen. En mode monstre de la Warner. Tout le chantier, à cette heure, prend des airs de remake de la Momie. Et pas les scènes d’amour. L’entrée dans le caveau, enfin, de la cave, est délicate. Avec les gars, on n’a pas fini de déblayer. Y’a encore pas mal de gravats, alors faut faire gaffe aux chevilles. Ça devait être une cheminée, en plus. C’est pas l’Everest, d’accord, enfin ça dénivelle bien quand même. Et à cette heure, le sherpa, c’est moi.
Je gueule un coup, histoire de réveiller l’autre buse qui s’est sûrement endormi sur ses croquis. Si je pouvais éviter de descendre jusqu’au caveau… Mais ça n’a pas l’air parti pour.
Je serre les dents et la corde précaire qui nous sert de rampe pour le moment.
Passer la porte, c’est le plus dur. On tient qu’accroupi, lampe frontale contre la pierre dégrossie. Les genoux qui raclent sur les débris. Indiana n’a qu’à bien se tenir ! Le temps de repérer Whiteman, affalé sur ses papiers, je suis certaine que le jour s’est levé.
Je le secoue. Il va râler mais au point où j’en suis… Son corps tombe sur la tablette en argile qui se brise dans son cou.
Merde ! Je crie.
Déchirure, silence.
En plus du sable, maintenant, j’ai du sang partout ! Ça fait une pâte, c’est dégueulasse.
J’en peux plus de ce trou.
lieu : piscine municipale ou privée
objet : seringue
météo : grand soleil
moment : avant le dîner
personnage : détective privé
cadavre : Melle ROSE
En cette fin d’après-midi baignée du soleil d’août, le détective ayant terminé sa journée chargée d’enquêtes compliquées venait de rejoindre son hôtel pour la soirée. Il décida d’enfiler son caleçon de bain et de piquer une tête dans la piscine privée pour se détendre et se rafraîchir.
Après un détour au bar en terrasse inondé de soleil, l’heure de l’apéritif ayant sonné, il commanda un « whisky on the rocks » accompagné de quelques cacahuètes salées et s’approcha du bassin pour y tremper ses pieds et tester l’eau – surpris de ne voir voir personne barboter ou faire quelques longueurs. Son regard fit le tour du lieu et …. découvrit un objet flottant rose à la surface de l’eau. Qu’était-ce ? Une grosse bouée panthère rose ? Une frite de natation ? Il fit le tour de la piscine afin de s’approcher de cette tâche colorée en flottaison.
Quelle ne fut pas son étonnement de découvrir une robe rose d’où émergeaient deux bras, deux jambes et une tête surmontée d’un gros chignon rose détrempé. Il héla la personne pensant qu’elle faisait la planche pour se délasser : pas de réponse, il cria plus fort : toujours rien. La tâche rose dérivait doucement, poussée par les jets, vers le rebord don il s’approcha.
Cette terrasse baignée de soleil de fin d’après-midi était vraiment agréable à arpenter avant le dîner qui allait permettre à notre détective de reprendre des forces après cette rude journée de travail.
Le paquet de tulle rosé imbibé arrivait à sa hauteur, il crut apercevoir,,,, mais oui, c’était bien cela : une grosse seringue plantée dans la poitrine de la dame flottant. A nouveau, il l’appela sans obtenir de réponse de Rose. Elle avait les yeux ouverts exorbités, son visage était blême. A cet instant, il découvrit cette petite mare rouge écarlate et épaisse qui commençait à s’étaler sur la robe rose de Rose et gagnait doucement l’eau du bassin la teintant de rouge vif.
Le détective lâcha son verre qui se fracassa en mille morceaux sue le carrelage déversant un liquide ambré et deux cubes transparents. Il ne put retenir un léger cri : Rose était bien morte, on l’avait tuée et il était peut-être la première personne à découvrir son cadavre. Quelle apparition morbide dans ce lieu verdoyant baigné de la douce chaleur d’un début de soirée, bercé par le chant des oiseaux et la clapotis de l’eau. Il ne parvenait pas à bouger, à réaliser, tétanisé qu’il était pas ce spectacle terrifiant. Le contraste des couleurs était saisissant dans ce spectacle : le bleu du ciel et de l’eau, le vert de la pelouse et des plantations, le jaune du whisky répandu et de la lumière de fin de journée, le rose de la robe de Rose et le rouge du sang qui s’écoulait de son corps…..
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Les six mots:
– Lieu: donjon (médiéval ou sado-maso)
– Objet: une corde
– Météo: ciel maussade
– Moment: avant le dîner
– Personnage: un/e inspecteur/trice de police
– Cadavre: le colonel Jaune
La journée est enfin finie ! Un petit son dans la voiture qui lui rappelle le lycée, et l’inspectrice Monroe commence à se détendre et à chanter à tue-tête. Quelle heure est-il? Avec ce ciel maussade, elle a l’impression de ne pas avoir vu le jour de la journée, que le soleil ne s’était pas levé. Mais peu importe, elle attend cette fin de journée depuis 2 jours avec impatience. 19h. Juste le temps de faire la route et elle sera à l’heure à son rendez-vous. Elle se demande ce qu’il va lui avoir préparer à dîner, mais… est-ce seulement prévu ? Le lieu du rendez-vous est assez énigmatique. Un donjon. En plein campagne. Ouais, pas sûr qu’il y ait de quoi manger en fait… Merde! Elle n’a rien dans le ventre depuis ce matin, et selon toute évidence, ça va continuer. Geindre, un de des ses passe-temps favoris quand elle n’est pas au travail. Après 30 minutes de route, elle arrive enfin au lieu de rendez-vous. Le voilà, le fameux donjon: une tour, seule. Elle envoie une photo avec comme légende « euh… c’est bien là ? » Appel immédiat:
– oui, c’est bien là. Tu es en avance! Je suis là dans 5 minutes, mais vas-y entre, c’est ouvert. Installe-toi dans le salon à l’entrée et mets-toi à l’aise. J’arrive à tout de suite!
SMS envoyé à son acolyte: – bien arrivée, si pas de message dans 10 minutes, tu m’appelles, si pas de réponse, tu viens ! – Bah quoi ? Elle est inspectrice après tout, elle assure ses arrières. Toujours. Monroe avance, et ouvre la lourde porte en bois. Une fois à l’intérieur, elle est plongée dans la pénombre et le froid. L’endroit n’a pas l’air d’être habité. Enfin si, peut-être. Par des chauve-souris quoi. Et puis, c’est quoi cette odeur? Ses yeux ne s’habituent pas à l’obscurité, rien n’y fait. Il fait trop sombre.
– Je voulais un truc tranquille moi, un resto, un ciné… J’sais pas !
Geindre.
Avec son téléphone, elle tente d’éclairer la pièce, d’essayer de trouver de l’électricité. Elle ne voit que des pierres, au sol, au mur. Une cheminée !
– Pff, y’ a même pas de peau de bête devant… Super…
A tâtons, elle cherche du bois pour le feu. Un fauteuil ! Elle l’éclaire.
– Ouais, il a l’air d’être en bon état. Mais c’est quoi cet endroit?
Monroe hésite entre s’y installer ou continuer son exploration. Toujours debout, elle avance vers le centre de la pièce, quand ses pieds se retrouvent pris dans quelque chose au sol qui la fait trébucher, et tomber au sol.
– Tu vas voir chérie, je t’ai préparé une super soirée en perspective ! Tu parles ! Arg j’en peux déjà plus de cette soirée
L’odeur, elle la reconnaît finalement.
– Non, non, non pas ça !
Avec son téléphone, elle éclaire le sol. BIM ! Exactement ce qu’elle ne voulait pas: un cadavre. Une corde autour du cou, celle qui l’a faite trébucher.
– Surprise chérie ! Je suis arrivée ! Alors, le gîte te plaît ? T’es contente??
– Ravie… J’avais pas vraiment prévue de faire une murder-party…
Geindre.
Mots tirés au sort: cave, maîtresse verte, froid, vinyle
La maîtresse verte
Enfin, je peux dévaler l’escalier ! Ca y est, je suis libre ! je pousse la porte qui
ouvre sur les caves et son grincement provoque l’excitation des mercredi où il
pleut et où je les retrouve dans la cave du fond, mes copains de CM2. Je cours
dans le couloir et je les entends déjà ; Ah zut, en fait non, c’était la télé du
dessus. Je n’aime pas être la première. J’ouvre la porte en bois en la soulevant
un peu, comme d’habitude . Personne, la cave est vide. Ce n’est pas grave, j’ai
dû partir trop tôt, trop hâte de voir Bastien . Il va adorer son vinyle, que j’ai
piqué à ma grand-mère, les Beatles, Yellow submarine, ça s’appelle. Je ne sais
pas pourquoi il aime ces vieux trucs…
C’est sinistre cette cave, avec l’ampoule nue au plafond, on dirait un pendu !
Qu’est-ce que je vais faire là toute seule…il fait super froid ! Je vais m’asseoir
contre le mur et attendre. Ils viennent toujours le mercredi quand il pleut. C’est
doux par terre, un peu mouillé, ça sent la cave…Mercredi dernier ils étaient
tous là, même Charline. Je l’aime pas celle- là, elle fait sa crâneuse, tout ça
parce qu’elle va au collège. Mais quand même, on a bien ri quand Antoine a
raconté qu’il avait changé tous ses habits avec Charlotte, pendant que la
maîtresse écrivait au tableau, même la culotte il a dit, mais là on l’a pas cru. J’ai
trop froid… Bastien avait peut- être un truc à faire aujourd’hui. D’habitude c’est
lui qui arrive en premier. Ah ! et s’ils avaient décidé d’aller à la patinoire, sans
moi ? J’ai bien vu comment Charline parlait à Bastien hier, elle m’a regardée et
elle a rigolé. C’est ridicule ce T-shit rose, je n’aurais pas dû mettre ça. Voilà que
je tremble, tellement j’ai froid…
Tiens, il y a un soupirail dans cette cave, je savais pas. Qu’est-ce qu’on voit de
là ? C’est ding ! Ils sont tous là sur le parking, et il y a une lumière bleue, des
gyrophares, une ambulance. Je vois le père de Bastien, et à côté sa mère qui
pleure. Et par terre, qu’est-ce que c’est ? on dirait un corps sous un drap vert.
Il faut vite que je sorte de là, la porte à soulever, le couloir, la porte des caves,
les escaliers, ça y est , je suis sur le parking. Un ambulancier lève le drap, c’est
pas vrai, c’est elle, la maîtresse ,sous le drap .Bastien me voit, il vient vers moi,
il me prend la main. Je suis bien…la maîtresse verte, je m’en fous…