Décor et description

Apprenez à écrire des descriptions que vos lecteurs ne sauteront pas!

Retrouvez dans ce diaporama les formes et les lois de la description littéraire, puis… lancez-vous! L’exercice consiste à composer une description en privilégiant une des approches proposées dans le diaporama. Opterez-vous pour une description référentielle, symbolique, expressive? Choisirez-vous un cadrage cinématographique? A vous de jouer! L’exercice est à déposer dans la section des commentaires.

 

7 commentaires sur “Décor et description

  1. DERNIERE VISITE

    Le jardin offre son visage habituel. C’est la dernière fois,
    pourtant.
    Il garde invisible le changement.
    On ne perçoit pas en passant le petit portail blanc , que la maison est morte.
    Il faut dire qu’elle est encore toute chaude, elle vient juste de
    rendre l’âme, vibrante encore de l’énergie de ses occupants.
    Un cycle de 40 ans vient de se clore. Les mouvements, les échanges, les rires, les peines, la vie n’est pas tout à fait dissoute…Incroyable!

    Un brocanteur et ses deux acolytes l’ont entièrement vidée aujourd’hui. Eviscérée.
    On leur a laissé le champ libre. Ils ont bien travaillé, écourté l’agonie et tout emmené dans les 2 camions.

    De l’extérieur , c’est insoupçonnable!

    Après sa mort, à elle, il avait libéré les fenêtres de leurs rideaux, pour profiter de la lumière, le plus possible, s’amuser
    depuis le fauteuil qu’il occupait, à son tour, derrière la porte fenêtre, des jeux, des aller-venues des oiseaux sur la terrasse.

    Ce soir, le soleil d’hiver baigne le jardin d’une lumière froide, irréelle, qui découpe chaque buisson, chaque brin d’herbe avec netteté. Une scène de théâtre généreusement éclairée, après le lever de rideau
    _ Mais où sont les acteurs?

    Dès les premiers pas dans le jardin, la débâcle récente, pointe, çà et là.
    Les rosiers ne sont pas taillés, encore, cette année.
    Ses bouquets de roses anciennes! Des petits bouquets, aux tiges courtes, aux grosses fleurs colorées et alanguies, qui penchaient leurs lourdes têtes parfumées et qui attendrissaient ses voisines quand elles les recevaient pour un service rendu, une visite.
    Les haies ébouriffées font les sauvages.
    Il faut peu de temps à la nature pour montrer qu’elle n’est pas domptée!
    Qu’à la moindre inattention du jardinier, elle reconquiert tout!
    Il ne fallait pas tourner la tête! Les ronces, les orties, les mulots eux, ne baissent pas la garde!

    Le bouquet de bouleaux est nu. Son habit jaune répandu à ses pieds. Il manque, accroché aux branches, le cintre sur lequel séchait, dès qu’un rayon pointait, été comme hiver, ses robes colorées, à elle, qu’elle lavait à la main.
    Dans la descente de garage, le cerisier porte sur son tronc, la cicatrice boursoufflée, refermée de la blessure infligée par la voiture maladroite qui en négociant le coude de la descente, il y a longtemps, lui avait arraché l’écorce et durement entamé la chair.

    Il n’a pas ouvert la porte fenêtre ce soir, en entendant grincer le portillon. Il invitait ses visiteurs à entrer par la terrasse. Leur évitait de faire le tour de la maison.

    Ouvrir la porte- traverser la grande pièce rapidement-Baisser les volets roulants-

    Fermer les yeux de la maison-Laisser la maison se recueillir-Attendre le temps nécessaire, jusqu’à la prochaine incarnation:
    -L’ arrivée des nouveaux occupants.

  2. Ce théâtre, néo- baroque de la fin du dix-neuvième, de Bilbao est un édifice chargé et impressionnant, il rappelle l’opéra de Paris. Trois étages le composent, le premier est de briques ocre avec une dizaine d’énormes portes faites en vitres et en bois. Quelques statues de personnages en pierre et toges nous regardent, elles ne doivent pas faire plus d’un demi mètre. Le deuxième étage est le plus ostentatoire et chargé, des fenêtres sont encadrées de couronne de laurier, de feuilles et de statues plus grandes que les premières. Le dernier étage, le toit, est composé de deux coupoles symétriques à l’horloge minuscule de ce lieu. Elles sont entourées de beaucoup de statues autour desquelles se rajoutent des fenêtres étriquées. C’est un théâtre avec un aspect sacré. Des affiches en basque et en espagnol de pièces se trouvent sur les vieux réverbères aux alentours.
    A droite, se trouve le fleuve de Bilbao et un pont d’une centaine de mètres de longueur et de largeur, illuminé lui aussi par ces réverbères du XIXème. Devant le théâtre, des marches servent de bancs aux touristes admirant le monument.

  3. En cette fin d’après-midi, Thomas se joint à eux, une bière fraîche à la main, il s’assied sur une marche, face au fleuve.
    L’air est doux. Il regrette un peu d’être seul, de ne pas partager l’instant avec des copains, une amie…Goûter ensemble la beauté de la soirée qui vient.
    Thomas se sent bien en Espagne, généralement. Happé par la vie, l exubérance de ses habitants, la facilité des échanges. Il se sent pris dans le flux, un parmi d’autres. Tout semble simple dans ce pays.
    Il regarde la foule estivale, apprêtée, bien vêtue pour entamer le paséo.

    Il a bien fait de quitter Annecy, sur un coup de tête, sans avoir préparé son séjour.
    Pour une fois, il l’a décidé, il se laisse porter, faire le hasard, pas de copain pour l’accompagner, pas d’hôtel réservé, pas de programme, aucune information sur « quoi faire à Bilbao », quelle expo, quel monument…
    Il laisse ses pas le guider. En sortant de la gare, après quelques heures de flânerie dans les rues animées, il entre dans une pension, la première qui se présente quand il décide que le moment est venu. Bien lui en prend: la chambre est confortable, l’hôtesse accueillante, le budget raisonnable.
    Plus tard, dans l’après-midi, il pénètre dans une église très blanche. Il s’assoit sur une chaise, face à une fresque contemporaine, colorée, joyeuse, immense qui s’élève jusqu’aux voûtes.

    Tout à coup, dans la paix totale de la nef, dans son dos, Thomas entend des grognements, des raclements de gorge sonores. On pourrait penser à la présence d’un sanglier.
    Il ne se retourne pas, un déséquilibré, sûrement. il poursuit sa contemplation, l’esprit vacant.
    Les bruits perdurent, et il comprend que l’individu arpente l’église à grands pas, bousculant les chaises au passage…

    Une voix céleste s’élève tout à coup, monte vers les voûtes. Une voix comme il n’en a jamais entendue. Une voix claire, pure, enfantine par instants. Dans la surprise totale, il est traversé et rempli par cette voix qui pince en lui des cordes insoupçonnées. Une ribambelle d’émotions puissantes, douces, tristes et pleines de joie, le prennent d’assaut et le malmènent. Des larmes roulent, chaudes sur sa peau…Le temps se suspend…
    Quand la voix cesse de chanter, le silence continue à vibrer, Thomas reste immobile et voit un homme jeune sortir par l’allée latérale. Il se lève, le rattrape sur le parvis où le jeune homme fait une pause dans la lumière éblouissante. Il lui dit timidement ‘merci’ en passant près de lui. L’homme le retient d’un sourire chaleureux. Je m’appelle Xavier, je viens souvent chanter ici . j’aime l’atmosphère et l’acoustique de cette église.. Tu as aimé? Je suis contre -ténor dans un choeur à San Sébastien … La ville de la musique!!

    Ce soir, au bord de la Ria de Bilbao, Thomas reste ébranlé par la rencontre de l’après-midi.
    Jamais la tentation de franchir les portes d’un théâtre, d’un opéra, de s’asseoir au milieu d’une audience compassée, initiée, froide, ne l’avait effleuré.
    Quelle révélation dans la solitude! C’est un peu douloureux, indicible.
    Il lève le regard. Un vieil homme fatigué, approche, une canne l’aide à marcher.
    Il s’assied près de lui, difficilement, en grimaçant de douleur.
    « Buenas tardes! vous êtes français?. Vous aimez Bilbao? » dit-il engageant, Un bon regard posé sur Thomas…

  4. La porte claqua soudainement. Et le calvaire commença. L’homme qui venait d’entrer dans la pièce mesurait bien un mètre quatre vingt dix, faisait la largeur d’une armoire et les lourds pas sur le parquet faisait résonner toute la maison. Lora n’eut pas le temps de se retourner qu’il était déjà devant elle, l’oeil menaçant, la bouche à moitié ouverte d’où l’on pouvait voir quelques-unes de ses dents jaunies par les cigares. Il avait la tête baissée vers elle, mais ne la regardait pas vraiment. Ses pupilles s’agitaient furieusement et semblaient chercher quelque chose qui n’existait pas. Quant à ses mains, qui faisaient bien deux fois celles de Lora, elles restaient ballantes, le long de son jean usé. Il était ivre, encore.
    — Va chercher mes cigares.
    Il n’avait pas parlé fort mais une odeur se dégagea alors de la gorge du géant et alla se nicher dans les narines de Lora. Une odeur où se mêlaient le tabac froid et un vieux relent de Ricard. Lora eut un haut-le-coeur mais ne laissa rien transparaître. Si elle voulait avoir une soirée à peu près tranquille, elle devait obéir. Plus vite elle obéirait, plus vite elle en serait débarassée. La masse se laissa alors tomber sur le fauteuil le plus proche et tendit ses jambes dans un angle étrange. Lorsque Lora revint avec la précieuse boîte, elle posa les yeux sur lui.
    Il puait affreusement. On n’aurait pas su dire ce qu’il sentait exactement, c’était un tout qui lui appartenait, un fumet bien à lui qui lui collait à la peau comme une tache de naissance. Aussi loin que Lora se souvenait, elle lui avait toujours connu ce miasme. Mais il empirait avec le temps. Et envahissait toute la pièce dans laquelle il se trouvait. On pouvait presque le sentir avant même de le voir ou de l’entendre. La tête en arrière, elle s’aperçut que ses cheveux noirs diminuaient, qu’ils commençaient même à devenir grisâtres. Le visage entier était bouffi et rouge comme une lanterne. Le pire restait son ventre. Lora pensait qu’il gardait en lui toutes les saloperies qu’il ingurgitait avant de rentrer à la maison. Et qu’elles restaient là, bien au chaud, pour le faire crever un jour. Il rouvrit d’un coup les yeux et la dévisagea.
    — Qu’est-ce que tu fous ? Viens là.
    Lora sursauta et s’approcha. Elle n’avait pas peur de lui. Du moins, c’est ce qu’elle pensait car au moment où elle posa un cigare sur la table, il lui empoigna fermement le bras. Ses tripes se serrèrent alors et tournèrent sur elles-mêmes comme on essore une serpillière. Ses mains étaient brûlantes et rugueuses, mais surtout elles faisaient le tour du poignet de la jeune fille sans difficulté. Un étau s’enfonça dans sa chair et ne semblait pas décider à se desserrer.
    — Qu’est-ce que tu as à me regarder ? T’as honte de ton père ?
    — Non.
    En ouvrant la bouche, Lora vit une grotte où le poison rongeait peu à peu tout ce qu’il y avait à l’intérieur. Au fond d’elle, elle espérait qu’il accélèrent son travail. L’homme saisit le cigare sans lâcher le bras de sa fille. Ses lèvres sales s’y posèrent dans une allure obscène. La chaleur dans la pièce faisait ruisseler sur son visage de grosses gouttes de sueur qui sillonnaient entre ses rides pour mourir sur le coin de sa bouche.
    — Tire-toi.
    La main lâcha enfin son étreinte et lassa cinq grosses marques. Il semblait à Lora qu’on avait fait pleuvoir du feu sur son poignet. L’odeur de tabac brûlé camoufla le reste.

  5. Agnès atinault – texte n°12
    EXERCICE : Décrire un lieu en se concentrant sur une des fonctions décrites lors de la présentation. Ce lieu doit être susceptible d’accueillir une histoire et un personnage. Le texte écrit pourra être utilisable par un autre joueur après avoir proposé une ouverture1.

    Vigiles, Laudes, Messe, Sexte, None, Vêpres, Complies…

    Nous y voici : sur ce plateau crayeux normand descendant vers la Seine. En haut, l’abbaye Saint Georges de Boscherville perchée sur son promontoire entourée de son magnifique jardin en terrasses. Elle est blanche, immaculée, majestueuse, grandiose. Elle en a vu du monde depuis tous ces siècles, et du beau s’il vous plaît…. Plus récemment : les mariages des VIP, l’inhumation des personnages célèbres ou moins, les baptêmes d’enfants du coin, les communions de ceux-ci devenus adolescents, les retraites spirituelles, etc …
    Je te dis que ce jardin en espaliers plantés d’arbres fruitiers, aux carrés joliment dessinés accueillent des simples, des légumes et des fruits associés à des fleurs, des plantes aromatiques odorantes en a vu des religieux affairés jadis. Tu ne me crois pas? Tu as bien tord et encore je ne suis pas savant de l’histoire ancienne de ces lieux. On y grimpe lentement jusqu’au promontoire observant la profusion de cette nature bien alignée, contournant des fontaines bruissantes, reprenant notre souffle quelques minutes sur les accueillants bancs de bois posés ça et là. On observe la vue spectaculaire. On parvient au promontoire planté de pommiers surplombant la vallée de cette boucle de la Seine. La vue est panoramique, sublime, grandiose portant à la rêverie. Ce blanc calcaire côtoyant la verdure : quel bel assemblage de couleurs, surmonté du ciel bleu azur où floconnent quelques rares nuages blancs dans le soleil éclatant de ce début d’après-midi d’été.
    Je ne te parle que de l’extérieur immaculé, imposant, puissant, majestueux de cet édifice religieux d’art roman débuté au XII ème siècle sur un site sacré gallo-romain. Je te conseille d’y pénétrer : tu te sens minuscule une fois les marches gravies et le portail franchi, tu avances à pas feutrés dans cette blancheur éblouissante. C’est lumineux, froid, écrasant et à la fois méditatif. Tu es comme happé par l’ambiance spirituelle qui règne. Quelque peu angoissant aussi…. Quasiment inchangé depuis les siècles.

    Au fait je te parle sans te connaître, je te tutoie aussi : que de libertés de ma part. J’ai lu que tu te nommes frère Jacques, moine bénédictin, descendant des Tancarville, famille locale initiatrice des premiers travaux de construction de cette abbaye. Tu y vécu au XIIIème siècle.
    Ta vie selon la règle de Saint Benoit, rythmée par les sept temps de prière quotidienne, s’articulait autour des travaux de maraîchage, et d’entretien de la basse-cour, de la fabrication du pain, de la préparation des repas, de décoration d’enluminures de la Sainte Bible, de fabrication de cire d’abeilles et de mise en pots du miel des ruchers et du brassage de la bière des bénédictins. Tout cela au gré des saisons. Que d’occupations en effet ! Pas le temps de s’ennuyer.
    Je te sens dubitative, est-ce que je me trompe ? Bien sûr à cette époque nous n’avions pas internet, les smartphones, les avions, trains voitures etc …. Mais beaucoup d’occupations plus physiques que les tiennes et très variées qui ne compromettaient pas notre sommeil !

  6. texte numéro 4 (écrit par Françoise C)
     Les foins coupés

    L’odeur des foins coupés était d’autant plus enivrante qu’elle signifiait le début des vacances. La route départementale qui menait de Taverny à Saint Prix, en passant derrière les tennis, devenait chemin et après quelques kilomètres acrobatiques entre les ornières, il fallait descendre du vélo et poursuivre à pied à travers les champs de blé. On longeait une haie d’aubépines jusqu’au frêne. Le trou dans la haie était à quelques mètres. Il était facile de s’y faufiler, au prix d’égratignures, dont la brûlure aiguisait le plaisir de la transgression. Alors, une fois dedans, le cœur battant, on faisait quelques pas dans les herbes folles jusqu’au monticule, et soudain on les voyait, les cerisiers de Montmorency ; ils étaient sept, vert tendre et rouge vif sur le bleu des après-midi de juin. Qui les avait plantés dans cet enclos protégé des regards et accessible seulement aux enfants et aux promeneurs un peu fous… ?  On aimait à penser qu’ils avaient toujours été là, s’offrant en toute simplicité à qui les découvrait. C’étaient des arbres modestes, que la profusion des fruits parait pendant une quinzaine de jours de guirlandes rutilantes. Autour d’eux, en eux, bruissaient et vibraient merles et moineaux, attirés par le festin orgiaque.  Par leur opulence, ils devenaient les monarques de ce lopin de terre, gloire éphémère que le souvenir nostalgique rendrait éternelle.  Au fond de la mémoire resterait ce lieu secret, inaltérable, lumineux, immédiatement accessible dans les moments de désolation. Ils se tenaient serrés et on devait prendre garde à ne pas les blesser en s’enfonçant au cœur de l’abri qu’ils formaient.   Être là, dans le silence, et se sentir vivant, intensément. Les grappes lourdes des cerises ployaient les branches basses jusqu’à terre.  Oui, se glisser sous l’une d’elles, s’allonger dans l’herbe qui piquait un peu ; oui, fermer les yeux et sentir sur le visage les chatoiements de lumière ; oui, oui, ouvrir les lèvres sur le fruit gorgé de soleil  et mordre dans sa fraîcheur acidulée… très lentement…très lentement…

    suite par Agnès Atinault
    Allongée dans l’herbe fraîche teintée d’un joli vert tendre, comme les oiseaux, je me gavais de ces succulents fruits rouge sang au goût doux légèrement acidulé. Je crachais les noyaux le plus loin possible faisant concours avec moi-même. Observant le ciel bleu ou tournoyaient des cumulus moutonneux blancs ourlés d’une bordure gris clair, je leur donnais des noms, j’y voyais des formes d’animaux, d’objets qui se déplaçaient lentement au gré du doux zéphir, s’étirant en une autre vision pour moi. Je rêvais…..Cette douceur me rendait heureuse, il m’en faut peu en général ! Ma rêverie fut interrompue par la pétarade du moteur d’un gros 4×4 puant le gaz oil : pouah ! Je me redressais jusqu’à m’asseoir pour voir qui se permettait de déranger mon repos et repas frugal.
    Ho là un grand et costaud bonhomme accompagné d’un gros molosse vint vers moi l’air franchement sombre. Que me voulait-il ? Pas commode le gars. Pas impressionnée pour deux sous, je continuais tranquillement ma dégustation le fixant du regard. Son chien plus rapide que le maître, s’approcha vint me sentir, me lécha le bras affectueusement. L’homme bougonna en me demandant ce que je faisais sur son terrain, que je n’avais pas le droit d’y pénétrer et de me servir, que j’étais sans-gêne, qu’il allait prévenir la maréchaussée si je ne partais pas illico-subito-presto et nana et nana et nana…..
    Quel sale râleur. Bougon.
    Bonjour monsieur, je m’appelle Maëlis, je suis sur la route des vacances et je fais une petite pause avant de repartir. J’ai trouvé l’endroit accueillant et les cerises délicieuses. Je vous remercie pour votre hospitalité bienveillante.
    Souhaitez-vous partager une tasse de thé au jasmin ? Mon thermos est dans mon sac. Asseyez vous donc et faisons connaissance. Veuillez excuser mon intrusion sur votre terrain : Il me faisait signe de m’installer.
    Le grognon daigna se poser dans l’herbe à mes côtés et se présenta : je me nomme Sébastien, je suis le fermier de ces terres alentour, je suis veuf et je vis avec Alonso, mon chien. Ma femme est partie d’un cancer il y a 6 mois
    Je fais des arbres fruitiers et quelques animaux de basse-cour, chèvres et moutons,,,,,

  7. De la jetée, on aperçoit, au loin, l’horizon tout barbouillé de brume, et la mer, d’un étonnant vert laiteux. C’est le petit matin. La lumière oblique fait naître de minuscules reflets de nacre sur toute l’étendue du sable, jusqu’à la limite de l’eau. À marée basse, la plage sent le varech et les mouettes se déplacent à petits pas pressés.
    Par endroits il y a des amas d’algues et de rochers. Là, sur la droite, un grand corps d’algues brunes, on dirait un vieux chien couché, les pattes étendues ; une balise jaune lui fait un drôle de chapeau.
    Si on se retourne, on fait face à la falaise, avec sa craie pâle comme un drap de fantôme que des fêlures grisâtres entaillent en zigzag ; en bas, parmi la masse plus sombre des éboulis, quelques touffes d’herbes semblent résister.
    Mais le plus souvent, accroupi ou penché, on observe, au pied de la jetée, le petit paysage minéral laissé par la marée : ici une île volcanique, luisante sous les coquillages et la végétation marine ; là, un lac où les crabes verts viennent taquiner des algues microscopiques ; plus loin, des lignes de dunes et de fragiles serpentins de sable, témoins d’une vie souterraine et fugace.
    Puis, dos collé aux planches rugueuses, comme un intrus, on attend le retour de la mer. Immobile, on regarde le défilé du ciel, à l’écoute du bruit lointain des vagues et de celui du vent qui racle la falaise.

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