Dans le cadre du Bicentenaire Flaubert, dont Fictions est officiellement partenaire, nous proposons six séances exceptionnelles consacrées à Flaubert: dans les pas de l’ermite de Croisset, nous apprendrons les techniques du réalisme et de l’impassibilité, mais nous ne manquerons pas aussi de nous amuser à détourner les personnages, lieux et objets flaubertiens… Il est préférable de suivre l’ensemble du cycle de six ateliers, mais la participation ponctuelle à l’une ou l’autre des six séances reste possible.
Dates: 13 janvier, 17 février, 10 mars, 07 avril, 19 mai, 9 juin
Heure: 17h30
Lieu: Université de Rouen Normandie, site de Mont-Saint-Aignan, UFR des Lettres et Sciences humaines, Pôle Lettres, Bât. A, salle A108
Rue Lavoisier, 76130 Mont-Saint-Aignan
Coordonnées:
Latitude : 49°27’33.2″N
Longitude : 1°03’58.7″E
Lien Google maps: https://goo.gl/maps/vGyrrx3Ysjnkqoj4A
Premier atelier « flaubertien », je poste ici mon texte pour pouvoir le déplacer sous le bon article ensuite ! 🙂
Réponse à la lettre de Victoire Potelet :
J’aime ce moment intime, sensuel de ma matinée. L’ouverture du courrier. Lorsque le coupe papier effrite dans un bruissement de dentelle la lettre cachetée, lorsque le pli tombe de l’enveloppe et livre ses premiers secrets. Parfum d’encre et de bois pressé. Parfum de femme, aujourd’hui. Écriture inconnue. Pour un ermite de ma trempe, l’ouverture du courrier, c’est un voyage en terres inconnues ! Mon vieux Gustave, tu t’emballes encore ! Garde donc tes formules, dans une heure ou deux, tu les chercheras. De côté, l’inconnu. Je garde le mystère pour la fin, d’abord les comptes de boutiquiers, le tout-venant. Que du facile aujourd’hui, pas de réponse à donner, c’est parfait. Le décompte de l’héritage de papa, comme tous les matins. Pas de lettre de mon troubadour ? Bon, je suis déçu, c’est vrai. Mais il y a l’inconnue ! Femme Dodin disait l’expéditeur, Belleville hein ? Voyons ça. Diantre, mes yeux ! Accroche-toi mon vieux Gustave, la lecture va être ardue. L’écriture, d’abord. Mais qu’est-ce que c’est que toutes ces volutes ? Entre ça et les pattes de mouche… Mes bésicles ! Ah voilà, c’est mieux… Non. Non, ce n’est pas mieux du tout ! Ah, je sais bien que l’école n’est pas gratuite mais un minimum d’instruction est requis pour s’adresser à un écrivain, que diable ! Bon, bon, concentrons-nous, veux-tu ? Blabla mes ouvrages distingués… blabla bien conservée pour mon âge avancé… ah ! la formule est vendeuse ! blabla qu’est-ce que cette histoire de cabinet de cire vient faire ici ? Croit-elle que cela m’intéresse le moins du monde ? blabla si vous daignez écrire l’histoire de ma malheureuse existence… Ah ! voilà le point ! Donc la Victoire veut que j’écrive son histoire. Sait-elle bien combien j’ai produit de romans, déjà ? Croit-elle que j’ai la prodigalité d’une Georges Sand ? Hors de question que je perde mon temps à produire une œuvre sur une vieille rombière, danseuse de cabaret militaire dans sa jeunesse ! J’écris pour la postérité, moi ! Bon, bon. Calme-toi mon vieux Gustave. Il faut tout de même lui répondre car, enfin, c’est tout de même une lectrice et je ne peux pas les bouder.
Alors… Chère madame, non trop froid. Victoire. Non, trop familier. Chère Victoire lui donnerait trop d’importance. Qu’a-t-elle écrit ? Monsieur. Bien, va pour « Madame ». Je sens que ça va être compliqué de lui répondre. Avant de m’atteler à cette tâche ingrate, je pourrais peut-être écrire à mon troubadour pour lui raconter cette désopilante missive ! Oui, voilà une bonne idée ! Délions ma plume avec une amie.
Chère Georges, mon troubadour,
Toi qui te moques de me voir écrire pour la postérité, qui me reproche de n’être jamais dans le temps présent, tu ne devineras jamais quel effet a produit mon dernier roman sur une certaine Victoire Potelet, dite Marengo Lirondelle ! Laisse-moi te narrer son amusante missive !